Monaco, plongée sous la digue flottante (en français)
Août 2016 – Plongées incroyables sous cette digue flottante du port de Monaco, avec l’aide de la Police Maritime.
La vie sous-marine est riche et les rencontres sont surprenantes, notamment avec des thons de plus d’un mètre qui remontent vers les plongeurs stabilisés à 30 mètres de fond.
L’ambiance avec les chaines est aussi inhabituelle, la présence du modèle montre la taille de ces maillons qui sont énormes et qui retiennent la digue sur un point d’ancrage située à plus de 80 mètres en dessous.
La Principauté de Monaco reste toujours aussi étonnante, avec une réserve sous-marine en milieu urbain, et ici une zone de vie sous-marine où personne ne le supposait.
Pourquoi plonger sous la digue ?
Plongée sous la digue flottante du Port de Monaco
- Caractéristiques de la digue
- La faune sous la digue
1. Caractéristiques
D’après les données fournies par DORIS Engineering.
26 août 2002 : après 1500 Km parcouru en mer sur douze jours de traversées, la digue arrive à Monaco. 160.000 t, tractée pendant 12 jours, cela représente un poids qui équivaut à 4 fois celui du porte-avions « Le Charles de Gaulle ».
Longueur : 352 m
Largeur : 28 m
Il s’agit de la plus grande digue semi-flottante au monde. Parmi les innovations on note l’application de la technique du mur d’eau pour amortir l’effet d’une houle jusqu’à 8 m de haut. C’est aussi la première fois qu’on utilise des techniques de conception et de construction offshore, pour la réalisation d’un ouvrage aux fins d’exploitation portuaire. On a enfin réussi à appliquer de nouvelles méthodes qui concilient économie et écologie.
La performance technique permet un système de liaison de culée et la digue semi-flottante à l’aide d’une rotule pouvant supporter des charges de 15.000 tonnes et un déplacement de +/- 2,5°.
2.Une vie foisonnante sous la digue
Il est bien sûr impossible et totalement interdit de plonger sous la digue de Monaco. J’ai sollicité et obtenu plusieurs autorisations et dérogations de la Division de Police Maritime et de la Société d’Exploitation des Ports de Monaco et des Affaires Maritimes.
Je remercie toujours mes collègues policiers et plongeurs pour leur aide et leur disponibilité. La surveillance en surface est capitale pour plonger sous la digue, car le danger est important. Un port, c’est d’abord pour les bateaux. Et plonger au milieu des bateaux et notamment ceux de la taille d’un ferry ou d’un gros yacht, ça ne se fait pas n’importe comment. Sans la Police Maritime, je n’aurai jamais pu réaliser toutes ces images.
J’ai plongé une première fois sous la digue le 10 octobre 2006. A cette date, il n’y avait rien d’intéressant pour la faune et la flore mais la vie commençait à s’accrocher. Les images sont sombres. Elles montrent des maillons énormes, aussi gros qu’un humain et d’un poids évalué à 100 kg par maillon. La digue est ancrée sur un fonds de plus de 60 m de profondeur, les chaines donnent déjà une impression étrange de quelque chose que l’on n’a jamais vu auparavant.
Je profite de cette première plongée pour photographier aussi la rotule et comprendre comment la digue a été rattachée au Rocher.
D’un point de vue artistique, les images sont peu intéressantes, car tout est sombre et le peu de lumière qui passe dans cette eau trouble ce jour-là, est déjà obscurcie par la masse du « monstre » de béton en surface.
Je retourne plusieurs fois plonger sous cette digue au cours de l’Eté 2016 et 2017, soit près de 15 ans après l’installation de la digue. Et là, c’est l’émerveillement ! Je suis avec Sylvie Laurent, ma partenaire et modèle et nous décidons de commencer une série de clichés destinés à montrer la richesse de la vie sous-marine sous la digue. La flore s’est fixée sur les maillons et l’oxydation du métal donne une couleur orange qui est en fait la couleur complémentaire du bleu de la Méditerranée. Nous comprenons qu’il y a déjà un intérêt artistique à plonger sous la digue, rien que par ces effets de couleur. Nous découvrons aussi une faune insoupçonnée avec des anthias par centaines qui virevoltent dans les maillons, au milieu des bryozoaires colorés, sorte de mousse ou de lichen qu’on appelle communément Rose de mer en Méditerranée. Ce qui est incroyable pour nous, c’est de voir le nombre d’anthias et leur taille ! On se croirait dans une épave ou une grotte avec un spectacle que l’on a l’habitude de voir dans un lieu plutôt fermé et à grande profondeur, après 40 m. Non, ici c’est en pleine eau, en pleine liberté, et à seulement 30m de profondeur. Il y a vraiment un sentiment de liberté de voir toute cette faune évoluer semble-t-il sans aucune contrainte, avec des mouvements de masse des poissons qui se déplacent en banc.
Sylvie est toujours là sur mes images pour donner une échelle de la faune photographiée, les poissons lui tournent autour et viennent se confondre, si bien que j’ai parfois du mal à voir son visage tellement la masse de poissons est présente autour d’elle.
En regardant de plus près sur les chaines, nous trouvons de petits animaux que nous appelons les flabellines. Ces animaux sont toujours recherchés en compétition photographique, pour les épreuves en macro photo car ils donnent beaucoup de couleur à nos images. La plupart du temps, il faut du temps pour en trouver et quand on a la chance de voir une flabelline, on la « mitraille » de tous les côtés pour être sûr d’avoir au moins une image nette, et bien présentée. Mais ici, on ne sait plus où donner de la tête ! Il y a des flabellines de partout et elles sont énormes !
Sur le plafond de la digue, situé à 18 m sous la surface, nous allons voir aussi d’autres poissons carvernicoles comme de petites blennies dont on aperçoit que la tête, le reste du corps étant dans les concrétions qui se sont déjà bien développées sur le béton de la digue.
Et enfin, la touche finale, nous sommes en plongée et des animaux énormes viennent à notre rencontre, tout en s’approchant mais en gardant une distance de sécurité… On n’y croit pas sur le coup car nous sommes vraiment trop près de la côte…. Mais oui ! Nous voyons pourtant bien un banc de thons rouges venir vers nous !! Ils font plus d’un mètre et doivent peser au minimum 50 kg. On reconnait l’œil vif et la mâchoire de ces prédateurs. Toute cette vie va très vite et il est difficile de photographier des thons ; les images sont furtives, mais elles restent surtout dans notre tête avec cette réflexion intéressante pour l’environnement : nous sommes certes à Monaco, sous l’eau et devant le Casino de Monte-Carlo et ce qu’on appelait avant quand j’étais plus jeune « Le tir au pigeon ». A seulement 30 mètres de fond, nous venons de nager avec des thonidés qui sont attirés par cette vie sous-marine foisonnante. Nous restons fidèles à notre engagement, photographier la vie sous-marine pour mieux l’approcher et faire prendre conscience à toutes générations confondues que notre environnement marin doit être protégé…
Photographies © Olivier Jude et Sylvie Laurent
Club d’Exploration Sous-Marine de Monaco
Fédération Monégasque des Activités Subaquatiques
Monaco, plongée sous la digue flottante (in english)
August, 2016 – High incredible dive under this floating dike of the Port of Monaco, with support of the Maritime Police.
The underwater life is rich and the meetings are surprising, in particular with tunas of more than a yard who go up towards the stabilized divers in 100 feet down.
The atmosphere with chains is also unusual, the presence of the model shows the size of these links which are enormous and which hold the dike on an anchor point situated in more than 240 feet down.
The Principality of Monaco always remains so surprising, with a protected marine area in urban zones, and here a zone of marine life where nobody expected it.
